chez les filles

J'aime les bistrots, derniers lieux de convivialité et de rencontres . Estaminet, bar, taverne, peu importe le nom qu'on leur prête , ils sont l'antre de l'humanité, le coeur des villages, les rendez vous des poivrots ou des branchés.

Lors de mes vagabondages en solitaire, je m'offre souvent ce plaisir intense de pousser la porte du troquet . Je cherche toujours La place , celle qui fait l'angle entre la porte et le zinc et qui me permettra de siroter tranquille mon café ou mon demi , en ne perdant rien des animations environnantes.

 Il en est un qui me plait beaucoup.

 D'abord, c'est le bar du village, l'ancienne salle de bal, reconvertie dans la boisson. C'est un peu comme le ventre du village, tout le monde le connait et lui , connait tout le monde. A l'entrée, un perroquet en pied attend ton paletot ou ta casquette . Parfois, d'ailleurs c'est la casquette qui attend son propriétaire égaré. Il reviendra bien, quand la grand'soif le reprendra.

Face à l' éntrée du bar, un zinc à l'ancienne, avec son joli reflet gris bleuté. J'aime voir la patronne le caresser en cercles concentriques , avec douceur , avec respect. Les vieux luminaires , suspendus au-dessus , les éclairent d'une lumière tremblotante, auréolant au passage les verres mousseux d'un éclat doré.

C'est un bar collectif ,qui , s'il ne protège pas des regards les amoureux échappés, appelle à la rencontre et au partage : de grandes tables de bois ciré ou tour à tour s'assoient la troupe des potiers , le vieil homme solitaire, ou les caquettes du village. Dans ce décor désuet, la patronne a fait flamber les couleurs: rouge les boiseries des fenêtres, vert émeraude et or les toilettes , même la vieille pompe à essence dehors flamboie, écarlate .

Aux murs, des peintures, des dessins, des lavis  s'exposent aux regards du buveur. Et puis, apothéose baroque , la façade graphée de pieds en cap incite le voyageur à entrer, ou le rend à la rue principale.C'est selon.