La persistance de la mémoire

  

Ce matin, j'ai rencontré le temps. Inopinément. Alors même que je m'évertue depuis quelques années à  débusquer ce traître aussi poisseux qu'un arlequin pré-sucé. Ce matin donc, il s'était planqué dans la salle de bain quand le kôlh en main, la main acérée, prête à ourler mon oeil bleu d'une cerne noire, il est apparu. Sur l'instant, je n'ai pas prêté grande attention à son vagissement. Un bruit vague , tout mou digne d'une mémoire non persistante, un balbutiement métré mais cependant opiniâtre. Ne se transforme pas en Marylyn Monroe qui veut! pour ce faire, il faut de la concentration et un silence absolu, sinon on a tôt fait de rater son affaire et l'oeil de biche de se changer en oeil de boeuf....J'ai donc reposé mon crayon pour faire taire illico le malotru et prestement brandi mon oreille pour découvrir sa cachette. Le temps s'était planqué entre mon chanel numéro 5 et un paquet de serviette hygiénique. C'est dire au demeurant l'état d'esprit de ce dernier . Ce con n'aimant rien d'autre que de réduire une Marylyn à l'état de menstrue sur le retour. Bref, il avait revêti les couleurs du ciel et serti de brillants à deux balles, il ronronnait au coeur d'une montre. tic-tac. tic-tac...il faut dire que les montres ont été bannies de mon monde il y a longtemps mais comme dans toutes les histoires,il y a toujours un rouet ou une montre pour te faire chier. Je pris donc mon regard le plus dédaigneux du matin et repris mon oeil en main( ce qui n'est pas si facile). C'était sans compter la rouerie de cet imbécile qui comme je l ai dit englue l'animé dans une mélasse dévastatrice. Et voilà, mon cerveau tout tendu à son bruit . Déjà, il alourdit l'air . tic-tac. Le voici qui m'entoure de sa légère pulsation. c'est une envie de danser qui me prend. Comme les scandes africaines et les mélopées anciennes qui emportent ta tête. tic-tac.Mon oeil s'ovalise sans laisser de sillon. tic-tac et le ragrd s'éclaire sous le bombé retrouvé de ma paupière. tic-tac, je lange mon enfant , ma petite fille aimée. tic-tac. Je ris de mon amoureux qui m 'enlace devant la glace. Tic-tac. le reflet de mon père et notre sourire partagé. Tic-tac deux couettes sur la tête et ma mère qui rit. tic-tac . tic-tac .tic-tac ....

Le temps s'est arrêté. Le petit bruit innocent a cessé. J'ai regardé mon miroir, la main déjà tavelée en suspens, l'oeil cerné, une ride amère au coin des lèvres . Plus de rire. Plus de père. L'enfant s'en est allée. L'amour aussi et les couettes ont filé.

Le temps a gagné sa partie.

les montres molles.Salvador dali

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