J'ai une ligne de chance à la egon schiele. je ne sais d'où elle part, encore moins où elle va. Elle est sur mon chemin de vie traçant des volutes gracieuses. Je lui suis reconnaissante de ne pas être rectiligne puisque aux autoroutes je préfère les petits sentiers aventureux. C'est ainsi, que j'ai rencontré mon maître, au détour d'un lacet. Quel vilain mot que ce substantif précédé de la possession. Et pourtant, je n en ai pas d'autres pour le désigner.
Hormis qu'il soit un homme avec lequel je me sens en harmonie de pensées et de ressentis, il est d'abord le maître et je suis son élève. j'ai pour lui beaucoup d'admiration et de respect au regard de l'immensité de sa connaissance. Moderne car ayant intégré le sens de l'histoire dans une vision d'avant-garde , classique de par son savoir-faire puisé chez les anciens, humaniste enfin, il est de ceux qui portent la création à la compréhension : il m'élève. Avec lui, je prends de la hauteur. J'ai coutume de dire que si nos années de partage ne m'ont pas rendue meilleur artisan, elles ont su faire évoluer mon regard , lui donner justesse et assise. C'est peu, quand je compare l'étendue de son savoir et de son savoir-faire fruit de travail d'une vie, et mes élans de patouilleuse dilletante. je ne suis pas bonne élève, je n'ai pas sa rigueur d'ascète artistique mais il est un bon maître pour son élève dissipée. J'aime ses avis sans complaisance sur mon travail parce qu'ils sont porteurs de sens. Ses critiques comme ses compliments ne flattent pas mon égo, ni ne me dévalorisent: ils me font avancer , grandir non par strates cumulatives de connaissance mais au contraire par épuration successive. Il me laisse la liberté d'essayer mes erreurs .
Bientôt, nos chemins vont se séparer. C'est comme ça. Je n'en aurai pas de regrets car il ne faut pas s'arrêter en chemin. Après ce carrefour, nous reprendrons la route. Je lui souhaite de redevenir ce qu'il n'a cessé d'être: un artiste peintre de talent. S'il s'est perdu parfois à tenter de transmettre à ses mauvais élèves un peu de son art, j'aimerais qu'il consacre désormais ses 100 prochaines années à lui-même.
