Rosa la Rose

 

 

 

 

Je me dis souvent que quand je serai vieille si jamais j'y parviens, je laisserai de côté toute la bienséance et la bonne éducation pour enfin assouvir mes désirs les plus profonds . A l'heure où ma jeunesse s'enfuit et que la ride d'expression fait place aux rides sans concessions , j'ai rencontré Rosa la Rose, assise sous l'abri-bus 143. Il pleuvait sec ce jour-là et Rosa , en attendant son carosse, avait déplié un pépin orange aux charmantes arabesques vert fluo. Elle l'avait posé là, à ses pieds comme une fleur éventrée tombée à terre. Et elle, elle attendait, impériale , assise bien droite sur le petit banc .

Ses bottes en caoutchouc à talons rose fuschia faisait comme une longue tige à cette fleur parapluie. Puis venait dans un fratras incompréhensible une suite de fanfreluches oscillant du pourpre au rose bonbon qui constituait le joli costume de Rosa. On était samedi, jour de sortie royale et elle s'était fait belle, pour elle, parce qu'elle en avait envie. Comme un joyau sur la couronne , le visage poudrée de Rosa, laissait entrevoir le soin qu'elle avait pris à unir sa peau et ses vêtements dans une même harmonie. Blonde la mèche , puis blanche et enfin rose délicat, sous la barette rose en forme de rose épanouie. Vert émeraude l'ombre à paupière qui éprise de liberté s'était échappée vers les tempes et enfin, en guise de lèvres, la plus belle fleur orange qu'on puisse trouver , délicatement cernée par un trait de crayon.

Rosa la rose attendait son bus ce matin-là . Assise sur ses quatres vingt cinq printemps, elle avait décidé d'être elle-même et de se foutre de ce qu'en en diraient les autres. Elle chantait...

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