Il est dans mon jardin une plante nommée misère. Etrange patronyme en vérité qui tient à sa propension à pousser facilement dans de nombreuses conditions de culture. Végétal servil qui croît indifféremment dans l'ombre ou au soleil. Pour peu qu'on lui accorde de temps à autre une peu de fraicheur (la misère se content de peu) elle devient vite envahissante et laisse ses longues tiges se développer . Elle prend tout son avantage en suspension, se laissant balloter à la moindre brise. Si un vent un peu fort vient à lui casser l'une de ses projections tombantes, ce n'est pas un problème: plongez-là dans de l'eau et la joyeuse inconséquente racinera tant et plus.
Il en va des hommes comme des plantes. Certains dotés d'une autre forme de misère semblent s'épanouir avec si peu d'apport extérieur que c'en est remarquable.
Un écran plat et le dernier i-pad en guise de terreau et les voilà tout satisfaits. Pour peu qu'on leur octroit un match de foot et le dernier meeting de Mr Sarkozy, ils montent comme ma plante, directement au septième ciel, se laissant balloter dans la douce inculture ambiante. Si un vent un peu fort vient à leur casser une de leur projection ( la dernière génération d'écran plat, ou le prochain concert de johnny) , ce n'est pas un problème: sarclez les mauvaises herbes , karchériser la gangrène environnante ou plongez-les dans la bière et ils retrouveront leur courbe de croissance.
"Ce n'est pas le champ qui nourrit, c'est la culture". cela vaut pour les plantes comme pour nous les humains. Laissons le chant des sirènes charmer les profondeurs Marines, et gagnons un peu de culture . Notre fruit n'en sera que meilleur.
