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paroles

 

 

 

Samedi 5 juin, me voici invitée dans la banlieue de Chateauroux pour modeler en plein air. Seulement cette foi-ci, l' art n'est pas le prétexte de cette après-midi champêtre, l'invitation provient de militants du PC qui proposent  de se retrouver autour de débats de société. C'est une proposition alléchante pour moi qui est toujours partante pour "patouiller" et faire de nouvelles rencontres , et puis même si je n'ai pas l'âme militante, les gens qui m'invitent  sont  des proches. Ainsi, j'accepte.

        Midi, une belle chaleur d'été étale sa moiteur au bord de l'eau tandis que j'installe ma sellette sous les bras d'un vieil arbre. Un peu en repli des stands des droits de l'homme, de l'huma et des associtions humanitaires. Endroit stratégique puisque je cumule la fraicheur de l'étang et du centenaire feuillu à une vision élargie du site ,bien qu'exentrée. Ceux qui voudront bien me voir, devront faire un petit détour.

       Mon travail commencé, les visiteurs vont se succéder , par vaguelettes délicates et curieuses, par cercles concentriques qui fait que je me retrouve bientôt au centre des badauds. Invariablement, reviennent les mêmes questions sur la terre, sa cuisson, le savoir-faire. J'y réponds le couteau à la main mais en prenant toujours le temps de sourire à mon interlocuteur et de le regarder. C'est la seule façon que tu as de saluer une personne quand tu sculptes.Invariablement aussi,une fois les réponses données, le tour de la conversation s'inverse, les gens me parlent d'eux. Légères esquisses dans les premiers instants vite délavées dans un flot de paroles, dans un besoin désespéré de se dire, de décrire leur vie, leurs idées, leur être et leur mal-être. Ils me parlent comme par urgence, comme si ils avaient été privés de cet échange nourricier , comme si j'étais devenue une immense oreille , un pavillon dans lequel déverser ce trop plein . Et je les écoute, ils ne me demandent que ça, que je les écoute tout en continuant à terrer.

Sous le hangar qui accueille les débats, quelques auditeurs épars, pour la plupart sympathisants tentent d'établir un constat. Les retraites, la justice, l'éducation, la liberté de la presse. Que construire pour demain, que proposer qui serait un vrai projet de vie pour chacun. Toutes ces question, elles me parlent à moi, elles me touchent parce qu'elles sont ou qu 'elles seront une pièce de mon puzzle de vie, de celui de ma fille, de tous. Elles engagent l'humanité , elles proposent de réflêchir ensemble sur le projet fondateur de La Société: partager ses richesses pour que les plus faibles, nos enfants, nos vieillards, nos malades, ce que nous sommes tous, puissent vivre décemment en toute dignité. Enfin , sous ce hangar, on peut DIRE , libérer sa propre parole, même si on n'est pas d'accord avec ce qui se dit. Surtout si on n'est pas d'accord d'ailleurs. 

Les gens ne sont pas venus. Ils n'ont rien dit. La conférence a supplanté le débat d'idées. Pourquoi, pour qui? Voilà l'interrogation qui m'accompagne au retour. Ces gens, avides d'expression, ne voient-ils pas combien leur identité est modeléE par leur environnement? ne sont-ils pas interessés par ces questions ? et les autres , ceux qui ne sont pas là , même pour écouter le concert rock déserté, qu'ont ils fait de leur vie aujourd'hui?

 ......samedi 5 juin, saint maur , rallye automobile.... Elle flotte au vent du soir la belle pancarte qui barre l'entrée du village. Des centaines de visiteurs sont venus, admirer , s'oublier dans le bruit des moteurs et l'odeur des frites. je comprends.

paroles avortées, paroles libérées, paroles oubliées......toujours des paroles , comme dit la chanson.

 

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