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lettre à l'enfance

 

 

                                                 salut ma vieille,

je t'écris du haut de mes 44 printemps. c'est dire que l'eau a coulé sous les ponts depuis notre dernier rendez-vous. je ne sais pas pourquoi nous nous sommes séparés abruptement ce jour-là. Il faut dire que tu m'agaçais avec tes couettes et tes espadrilles , toujours à grimper aux arbres et à élever tes escargots...moi, j'avais envie d'autres horizons, tu vois? je voyais la route devant moi, étalée qui s'offrait impudique et attirante. J'ai pas su résister. j'ai même pas cherché à le faire d'ailleurs, je m' y suis engouffrée comme une voleuse. j'ai pris la tengeante, la fuite et je t'ai laissée derrière moi. sans un mot.

C'est idiot. je sais . Si je t'écris aujourd'hui ce n'est pas pour quémander ton pardon, non... mais pour te dire que je ne t'ai jamais oubliée. La route fut longue , parfois accidentée . J'ai rencontré d'autres moi, fugaces ou résistants, j'ai pris des carrefours et des alleés, je suis tombée dans des culs -de-sacs pour mieux repartir. Le temps filait, filait ,comme tes courses d'enfant qui laissaient tes cheveux longs te mordre le visage. Je ne m'en apercevais pas.

De temps en temps, j'entrevoyais ton visage dans la glace, instant éphémère et magique. Les mains dans la terre, je pouvais encore sentir ta joie de pétrir la bouillie-bouillasse que tu aimais faire avec la terre et l'eau. je chante toujours mais moins souvent qu'autrefois et je ne cours plus du tout.Tu vois, nous nous ressemblons encore un peu malgré tout.

Et toi, que fais-tu? te caches -tu encore dans notre cabane secrète et touffue pour rêver ou voir sans être vue? élèves-tu encore des vers de terre et toutes sortes de bêtes sous tes pots à fleurs? A ce propos,ne les martyrise plus , rends leur la liberté.

Au fait, j'ai essayé l'autre fois de faire la sauterelle: on aurait dit un vieux pachyderme atrophié..je crois que j'ai oublié la marche à suivre...il faudra que tu me montres ça une prochaine fois...

Enfin...si tu veux bien. Si tu ne m'en veux pas trop . Je crois qu'on peut encore partager des choses toutes les deux. Bien sûr, nous ne pourrons plus former une entité mais si tu le souhaites, nous pouvons reprendre nos rendez-vous aujourd'hui. je t'apprendrai à te méfier des belles et larges routes et tu me conduiras sur tes petits sentiers . Je ne porte plus d'espadrilles mais pas de talons aiguilles non plus, on devrait pouvoir y arriver!

Réponds moi vite. je t'embrasse.

magalette magaloche

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