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J'aime bien que les choses soient un peu difficiles d'accès, qu'on se creuse un tant soit peu la tête pour les atteindre ... Je sais , ce n'est pas forcément dans l'air du temps mais pourtant c'est agréable de se tromper, de faire demi-tour, d'échafauder des plans . En chemin, on a le temps de réfléchir, d'améliorer sa condition de chercheur et puis, cette envie qui monte là , comme un désir... Plus on cherche, meilleure elle est.
Je connais un potier qui est un peu difficile d'accès, perdu au milieu d'un village de potiers , rempli d'ateliers de potiers. Pour les autres , rien de plus facile, il suffit de lire les pancartes et de suivre la flèche, on atterrit directement là où le maître des lieux officie. Mais pour mon potier à moi, que nenni .Rien de tout ça. Il possède bien un écriteau mais en vérité , il est retourné de sorte que, le passant n'y voit qu'une planche de bois vermoulue. Ce n'est pas vraiment qu'il soit difficile à trouver mais il faut s'en donner la peine, voilà tout. Après tout, il mérite bien un peu qu'on le cherche cet homme . D'ailleurs, ce n'est pas un chemin de croix que de le chercher mais bien une partie de plaisir. Dès la première fois où j'ai entamé ma recherche, j'ai trouvé le long de mon chemin une foule de choses : les petits chats automates qui se balancent à la fenêtre polie, la maison qui a des tessons de poterie dans les murs, une créature fantastique à même la terre, des escargots qui colonisent une boîte aux lettres....Toute une kyrielle de cailloux pour la chercheuse que je suis.
Enfin, je l'ai trouvé, tout au fond d'un jardin , devant ses fours fumants. Un petit atelier tout noir, tout bas, tout vieux avec une bonne odeur de terre . J'étais drôlement contente de me retrouver là , avec lui . Et voyez-vous, il n'y a pas de hasard, ce potier là, n'est pas un homme ordinaire: il cherche inlassablement : de feux en feux, de terres en terres, de bols en bols, il cherche. Sans doute, qu'en cherchant, il se trompe alors il fait demi tour, il échafaude un autre plan ..... il est gorgé de ces plaisirs .Visiblement. A ma dernière visite, le feu lui avait rendu une douzaine de bols tous craquélés, recouverts d'une vilaine mue de reptile :"ah, me dit-il, regarde-les mais ne touche pas. Je dois chercher ce qui s'est passé!"
Non, vraiment, ce potier mérite à son tour qu'on le cherche...