galerie de portraits

 

 

 

 

 

 

      la soixantaine est tombée laissant sur le tronc nourricier quelques empreintes des saisons passées. Cheveux longs tissés de blanc dans la tignasse qu on devine encore brune, moustaches aristocratiques point encore bacchantes mais lissées de près à la Poirot, tench bien coupé et lavallière fleurant bon. la voix est douce, le mot choisi dans un registre lettré, le geste est ample presque théâtral. A choisir, on déposerait ce personnage dans un vieux fauteuil club de cuir patiné, lisant Beaumarchais devant l'âtre ronronnant d'un bureau anglais tamisé. Mais l'image que l'on donne n'est pas toujours la bonne ( n'en déplaise aux cow-boys fringants pour les initiés). Celui-là même compose des peintures modernes, vibrantes et humanistes. il portraite comme il respire: des hommes dans la touffeur de l'été semant le bon grain, le vieux marchant sur son bâton de la lourde allure paysanne, la masse des touristes encastrée dans un même mouvement le nikon à la main, la douce jeune fille au regard troublé.....même son discours est peinture. Une vision du monde humaniste à la Rousseau, loin des clichés que sa mise un peu désuette pourrait laisser supposer. Soudainement, la pose se change et je le verrai bien mèche rebelle, cheveux au vent, seul en haut de la barricade entonner l'internationale dans les volutes incendiaires d'une écharpe écarlate.

 

J'ai toujours aimé les vieux. Je les soupçonne  chaque matin, avant même que l'aube ne se lève, de remettre leur masque de vieillesse. Certains poussant même le vice jusqu'à y creuser de sombres sillons tombant sur une chair molle et toute racornie. Ils croient nous berner....

Elle , 74 printemps: Lulu , sobriquet enfantin à l'allure d'un elfe .Ne me regarde pas. je sais que sous ton masque de vieillesse, tu as dix ans...peut-être moins. tes yeux te trahissent, pétillants comme un champagne de fête, noirs comme la nuit qui nous permet toutes les folies. Que tes paupières se baissent et couvrent ton regard de mille petits plis, alors je veux bien croire à ton histoire. Mais pas plus d'un instant car il suffit d'un cillement pour que les étoiles qui luisent dans ton iris sombre, me ramène à ton jeu de cache-cache. 

Trouvée! c'est toi qui colle.

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