lettre à la femme

Chère soeur,

Je t'écris de France. J'ignore si tu connais mon pays, toi qui a arpenté la terre et semé tes racines dans chaque continent. Ici, il fait doux. Je veux dire qu'il y fait bon vivre, quand, comme moi, on porte en étendard les attributs de la féminité. Il n'en a pas toujours été de même. Nos mères et les mères de nos mères ont du mener le combat autrefois. Aprement, dignement,au mépris de leur vie parfois, pour faire tomber les barricades de leurs servitudes ancestrales.

J'ai eu de la chance de naître dans ce pays et à notre époque. J'ai eu accès à la culture. J'ai la liberté de penser et de m'exprimer. je suis libre de mes choix, de mon ventre, d'offrir ou de refuser mon corps. je travaille et peux de ce fait assurer mes besoins toute seule.Je suis une citoyenne au même titre que l'homme.En fait, je n'ai rien à regretter qui  ne m'aie été imposé. Tu vois, je suis une femme chanceuse...

Pourtant , ces derniers temps, je mesure la fragilité de ma situation. De notre situation. J'entends de nouveau le bruit des portes se refermer. Les geoliers sont les mêmes qu'autrefois, qui au nom d'un dieu hypothétique cadenassent nos voix et nos visages, qui au nom d'une force physique supérieure séquestrent leur femme à grands coups de poing dans la gueule, qui par usurpation fanatique décident de notre matrice. la misère sociale est revenue, laissant sur le carreau des cohortes de femmes seules et sans emploi....OUi, tout cela n' pas changé , jamais. C'est nous qui avont pêché par excès de confiance , croyant que le combat (sur notre fief du moins) nous était d'ores et déjà acquis. Nous avons délayé notre vigilence dans le confort que nous avions reçu de nos aieules. la fanfare de l'obscurantisme s'était éloignée sur d'autres continents . Etions-nous à ce point atteinte de surdité pour ne pas même entendre ses acouphènes?

Tu vois, nous n'avions gagné qu'une bataille pensant avoir gagné la guerre. Il me semble désormais necessaire de nous réarmer et de faire face. En pleine conscience. Nos armes s'appellent amour, instruction et dignité. Nos alliés sont les hommes , nos égaux sans lesquels rien n'est possible. On aurait beau voir que le deuxieme sexe qui est le notre retombe dans les bras de la dépendance et de l'avilissement .

soeurènement

mag