Mon doc est un rêveur humaniste, amateur de belles toiles et beau garçon. C'est sans doute les raisons qui nous conduisent à attendre l'heure de notre rendez-vous, amassés dans son antichambre dès potron-minet. Ce matin donc, à l'heure où la lumlière oscille entre gris nuit et anthracite du printemps en cours, j'attendais dans sa salle d'attente. Auparavant, j'avais comme tout un chacun mesuré ma place dans la file, émis des options quant à mon heure de passage et résignée avait pris place sur la chaise ikéa entre le tas de gloser (pour mon instruction personnelle) et mon panier de Jane contenant mes cahiers à corriger. J'attendais donc studi.eusement que Grégory qui s'appelle en vérité Pierre vienne m'y chercher.Gloser des mois d'hiver étant nettement plus difficile à lire qu'en été (les célébrités ne durant qu'une saison), je me mis à évaluer le travail de mes élèves et par conséquent aussi le mien . Ca tombait bien vu que je pouvais demander juste après le dernier antidépresseur à la mode pour enseignant en mal de réussite. Une fois ma depression professionnelle achevée,Je réintégrai donc le microscosme miasmé de mes congénères. Il faudrait passer plus de temps chez les docteurs ou au bistrot pour se faire une idée plus précise de notre société. 9 heures n'ayant pas sonné l'heure de l'apéro, j'optai pour l'étude de moeurs in situ. La porte s'ouvrit pour la première fois sur un "si vous voulez bien entrer"en ré majeur séduisant. Tu m'étonnes qu'ils le voulaient bien. Tous les deux, même.Le seul bémol c'est qu'ils n'étaient pas arrivés ensemble et là d'un seul coup, l'idée de mettre en commun sa prostate avancée et son post partum ne les mettaient guère en joie. Premier échange en synchronisation parfaitement orchestrée: J ETAIS LA EN PREMIER. C'est vrai. c'est important ici-bas d'être le premier , alors raisonnablement, le second qui avait cru son heure de premier arrivée, s'assit sur la seconde chaise après avoir fait valdinguer la première. Voya,nt cela, la première s'assit elle aussi ne voulant pas être la seconde à exprimer son mécontentement. Pierre prit donc son premier client et sa prospate furibonde et l'emmena dans son cabinet derechef. Je tentai une seconde offensive sur mon gloser quand mes voisins d'attente commencèrent leur conversation privée . L'un n'aimait pas les voleurs, l'autre n'aimait pas les arabes et les deux exècraient les musulmans de notre beau village . Ils convinrent tous les deux que le pire était les trois réunis , ce qui ma foi, était logique étant donné :"ça découle l'un de l'autre". Ca m'apprendra me dis-je à ne fréquenter que le marché dominical où les autochtones blancs et bénis sortent de la messe pour aller chercher le bon pain. Ce n'est sans doute pas le lieu de rassemblement des voleurs arabes et musulmans qui découlent l'un de l'autre. A noter donc : dimanche matin , aller traîner côté chateau qui est à l'opposé de léglise et donc de la foule. Seconde note: les marines délicates de Pierre, accrochées au mur, auraient-elles un effet néfaste sur l'orientation politique de ses patients???. J'allais y répondre quand une odeur naturellement fétide et humaine accrocha ma narine elle aussi délicate tandis que Pierre ouvrait une seconde fois la porte de son cabinet . "Avez-vous le necessaire pour le changer?"dit-il à la maman qui tenait son petit bien emmerdé(e) dans ses bras. Venez donc dans mon cabinet, reprit le doc, nous ne pouvons pas le laisser comme ça. " Ben non et nous non plus d'ailleirs entassés à15 dans un local empesté de deux front national et d'une digne ex-première. Ben si. Voyez-vous le syndrome de l'obsession première ne souffre pas les relents de merde d'un nouveau né. Quitte à attendre, attendons ensemble ,mais.... chacun pour soi avec son numéro de passage brandi comme un sexe au sommet de sa gloire, attendons patiemment en reluquant le voisin qui par chance pourrait faire un avc foudroyant , attendons que son tour vienne pour exhiber fièrement le sourire du vainqueur qui laisse derrière lui la horde des mauvais, attendons tous crocs dehors que le prochain qui parte aux toilettes perde son tour par dhiarrée inconséquente.....attendons donc avec certitude que vienne notre tour.
Car notre tour viendra.... et je ne suis pas certaine ce jour-là qu'une fois la porte ouverte sur un "si vous voulez bien entrer" éternel, nous nous battions pour être le premier.
