Partons sur les chemins de traverse
tu sais, on n'emporte rien
car déjà le temps nous presse
à ne plus remettre à demain.
tu verras, sur mes chemins
y a des ornières, des plats
rien qui t oblige à marcher
dans les traces, puisque y en a pas.
on visitera les villes
embuées des petits matins
à l'heure où la nuit s'étire
pour devenir demain
On tapera la campagne
avec nos croquos mouillés
on accrochera à nos semelles
le coeur du printemps arrivé.
On ira finir nos jours
dans les tavernes enfumées
là, ou on parle d'amour
en gueulant ses plaies étalées
Viens, prenons ces chemins de caresse
partons sans nous retourner
gagnons la mort de vitesse
veux-tu bien m'accompagner?
La nuit s'installe
le jour se barre
sur mes errances
sur mes espoirs
c'est fou ce qu on y voit plus clair
quand nos deux corps sont assoupis
ta chaleur au creux de la mienne
c'est la promesse de l'oubli
j aime te voir
les yeux ouverts
dans la nuit noire couleur d'envie
sentir ton souffle sur mes peines
ta bouche sur ma peau alanguie
il n'y a plus de soleil
ni de lendemain à prévoir
mon coeur se suspend à tes rêves
la vie peut s'arreter ce soir
je voudrais passer les frontieres
glisser dans ton corps endormi
parcourir tes chemins, tes mers
m'unir à toi pour l infini
Tu brûles dans le couchant
tes ocres se mélangent
aux cris des enfants
à l'odeur des épices,
je ne te connais pas
pourtant, je te devine
du plus profond de moi
tes contours se dessinent,
j'entends le chant des femmes
et la transe des hommes
je vois danser les flammes
du soleil qui s'immole,
tu es ma terre d'oubli
celle qui me racine
au berceau de mes pères
à l'éxil matricide,
recouvre moi du rouge
de tes poussières arides
Je veux ,
penser noir
humer noir
rêver noir
être noire.
Rappelle moi de me souvenir
A quoi sert la caresse du vent
et les odeurs d'avant l'orage,
toutes ces jolies images
se sont transformées en mirage
jai la mémoire qui vacille
qui se fracasse et qui chavire
les mots s'égrennent lentement
se disloquent dans le néant
on a déshabillé mon passé
et je n ai plus pour avenir
que ce vieux corps qui expire
sans pouvoir m'en souvenir
j ai peur de la nuit qui s'avance
sans étoile pour me guider
plus de voix, juste le silence
morte vivante emprisonnée.
rappelle moi de me souvenir
qu'autrefois je t'ai aimé
avant que ma mémoire se déchire.
je ne te reconnais plus mon enfant.
l écume blanche
ton gout de brûlé
l'ambre de ton ventre
et les bulles éclatées
j aime
par longues rasades
m en désaltérer
sur ma langue
sentir
ton corps pétiller
lire dans les méandres
de mon verre reposé
la blondeur de ta trace,
l'âme que tu m'as laissé
Au bar de l'océan
Y a même pas la mer
C'est l' flot des clients
qui fait la croisière.
Vla lui qui arrive tout dodelinant
Ses soirs de dérives
commencent au levant
prend même plus l'excuse d's'assoir au comptoir
tellement il a bu, tellement il va boire
A trois bières de là, y a le contemporain
le dos déjà rond de son quotidien
moi, j aimerais croire qu il sait caresser
le cul de sa femme tout comme son clavier.
prend même plus la peine de relever la tête
tellement qu'ça l'hébète, internet
Au bar de l'océan
y a l garçon d'café
accroche coeur de filles, regards délavés
il joue la cadence des valses surannées
l'excuse d' un sourire, c'est le prix à payer
quand il faut s' rêver un avenir meilleur
tellement il est sûr qu'on l'attend ailleurs
Au bar d'l'océan
y a même pas la mer
c'est l'flot des clients qui fait la croisière.
Ce jour d' août , tu prenais ton dû
à la terre blonde , repue
oeil pour oeil , blé pour blé
c'était les moissons,l'été.
Est ce que ta charrue s'est arrêtée ,
quand la nouvelle est tombée?
je suppose que t' as du glaner
du regard ;ton cheval , les épis de blé
Emile, as-tu senti sous la chaleur, le long d'ton dos, sourder la peur?
j suis pas sûre que quand t'es parti
les coquelicots, tu les avais à ton fusil
bientôt t'en verras en bouquets, fleurir de leur sang, tes amis.
J'espère que t'avais connu la douceur
les caresses d'amour d'une femme
avant d'aller chemin des dames
perdre la candeur de ton âme.
Emile, quelle image tu t es fabriqué
au fond de la mort dans les fossés?
t'avais pas appris à tuer
dent pour dent, t'as du tirer
est ce que tes mains ont tremblé
quand son coeur tu l'as torpillé?
Emile, t'as baillonné tes souvenirs
pour ne plus jamais les rouvrir
mais sur la photo de famille
j vois bien ton regard qui chavire
d'un revers d'un cil.
un jour, je t aimais tant...
partir dans l air du vent
partir négligemment
redevenir fumée
la dernière grillée
ultime geste esquissé
s'envolent les doigts ailés
la bouche rouge comme la fleur
les yeux sous la vitre fumée
dans le soir quelques notes
guitares non raisonnées
des accords implacables
dernières chevauchées
c'est le froid et le vent
tourmente fragilité
qui disperse à nos sens
toute ton éternité.
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'C'est sur le grain de sa peau Que j'apprends ma géographie patiemment, au fil de l'ô Je suis sa rivière Il est mon lit. C'est par le Grâve de sa voix que me reviennent en écho ses paroles je les bois je suis sa voie il est mes mots c'est derrière ses yeux naufragés que se cache la belle alcove coeur insoumis, coeur indompté je suis ses mystères il est mon secret je suis il est. |
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Automne le peintre a fait tomber ses couleurs elles se sont éparpillées sur cet après midi d'automne, sur le sol, à ses pieds d'ombre la terre s'est changée en mille éclats de soleil ce sont les arbres dénudés qui ont pleuré ces merveilles le peintre a fait couler ses larmes qui se sont évaporées fragile brouillard sur le charme aux branches entremélées Puis, le peintre a rangé ses couleurs Il a éteint l'incendie terre brûlée, dernier glacis Voici l'hiver par ici |