j'avais pas d'flingue, j'avais pas d'balles
c'est pas moi qui l'ai tué messieurs'dames
j'ai juste ma guitare et mes mots
j'vous jure que j suis un mec réglo.
l'avait pas d'flingue, l'avait pas d'balles
l'était mieux qu'un copain de bistrot
chaque note nous poussait vers le haut
mais lui préférait les solos
j'avais pas d'flingue, j'avais pas d'balles
on était tous dans le même bateau
j'ai juste voulu faire une escale
pour reprendre la route illico
l'avait pas d'fingue, l'avait pas d'balles
on m'a descendu du paquebot
après tant et tant de voyages
je sais pas nager,j'ai pris l'eau
j'avais pas d'flingue, j'avais pas d'balles
faut avancer sans trémolo
pour être un chanteur de bazar
il faut avoir le verbe haut
l'avait pas d'flingue, l'avait pas d'balles
et j'ai fini son sale boulot
pour ne plus vivre en cauchemar
je m'suis fait pêter l'ciboulot.
je regarde le ciel
qui s'habille d'errances
de fleurs cotonneuses
de troubles personnages
mais où vont les nuages
au bout du grand voyage
quand le ciel dans la mer
se finit en naufrage?
laissent-ils accrocher
à la pointe des arbres
le manteau vaporeux
de ces êtres étranges?
la queue du crocodile
la jeune fille archange
et les ailes graciles
d'un grand Argus bleu
ceux-là qui tous ensemble
tantôt formaient la ronde
se sont évanouis
en une demie seconde.
sans doute sont-ils allés
poursuivre leur cavalcade
avant l'heure du grand bal
quand toute lumière éteinte
la nuit en embuscade
portera l'estocade.
la mer toujours revient à son premier amour
la grève toujours l'attend pour le prochain labour
entre les deux s'étale une barrière de rochers
frontière minérale impudemment posée
mais toujours la mer franchit les interdits
par devant, par derrière, en plein jour et la nuit
elle s'immisce, elle ahane, parfois même elle rugit
pour courir s'emmêler à ses sables émouvants
car la mer et la grève sont de terribles amants
quand la mer à la fin finit de la lécher
la terre s'en trouve alors toute rapetissée
mouillée d'écume sauvage et de larmes salées
un plaisir qu'arrache la prochaine marée.
L'amour s'en est allé ,un soir d'hiver il a laissé
Nos rires et ma jupe s'envoler.
Sans plus d'éclat, il s'est tiré
J' l "avais vu venir, j l'ai pas vu s'en aller
La belle valse que l'on dansait
Le temps qui lasse d'un coup d'arrêt
De trois à deux, nous voilà vieux
L'amour a déserté les lieux.
Dans nos deux coeurs restent les miettes
Du temps des tambours et trompettes
Quand tu me lisais moité nu
Le premier homme de Camus.
Plus de musique dans nos silences
La valse ne se laisse plus danser
de trois à deux, en décadence
L'amour a déserté nos yeux
L'amour s'en est allé ,ce soir d'hiver il m'a laissée
Il a tout envoyé valser.
J'ai rien vu venir, je l'ai vu s'en aller
Je sais les petits jours, ou l’aube est une promesse
Quand le soleil se laisse ,caresser mon amour
Par la rosée nouvelle, par la brise tendresse
Et que la nuit déesse dépose ses atours
Je sais les jours d'été, murs comme les tournesols
Quand les heures s'amusent, dessous la véranda
A compter nos émois, à s'étonner encore
De nos deux souffles courts , de nos coeurs qui s'affolent
Je sais les jours mauves, qui donnent du bleu à l’âme
Quand tu es en partance, quand je reprends les armes
Ces jours que rien ne sauve, dans nos coeurs pyromanes
Et le feu qui avance pour assécher nos larmes.
Je sais les jours bleutés, que la neige recouvre
Quand nos pas désunis, enfin ne font plus qu'un
Que le silence ami, vient nous donner la main
Pour que mes doigts enlacent, la tienne qui s'entrouve.
silence
fracas assourdissant des soirs de tempêtes
quand tout s'en va en miettes.
silence
qui vient couvrir le bruit des jours de fête
ou rien n'a d'importance
seul au milieu des gens
silence
entre deux notes noires
juste un temps de repos avant que tout n'éclate
en crescendo
silence
parce qu'on a trop à dire
ou alors plus rien
pour pleurer dans son coin
silence
qui s'en vient refleurir les trous de la mémoire
un silence trop grand un silence tout bancal
un silence de canal.
La mer divague.
A l'âme du curieux égaré,
Sur la plage d'Omaha,
Elle vient, lancinante lui rappeler
Son autre visage surgi du passé.
C'est un vent de liberté qui force le gris de ses lames
Et sa gueule bavant d'écume qui vient mourir à mes pieds.
Omaha, la sanglante se couvre d'ocre rouge incendié
Quand le soleil, soudain se couche
Là où les hommes sont tombés.
Fait d'hiver
Papier glacé
Brûlot sous le souffre enflammé
Tout s'oublie
Tout se délie
Au feu de nos âtres incendiés
Je veux être la mer
Pour rejoindre tes terres
Aborder le rivage
Par lames, déferler
Mouiller de mes eaux tièdes
Le ventre de tes pensées
Et quand le vent s'apaise
Me retirer
Je te voudrais rocher
Pour devenir une algue
De mes sables mouvants
Doucement t'enlacer
Et puis que les tempêtes viennent
Et que les nuits d'orage
Nous retrouvent tout deux
Vert de gris emmêlés
Je nous voudrais liquides
A la saveur salée
Comme les embruns sauvages
Qui montent les soirs d'été
Ne plus avoir de formes
Hors celles qu'on s'est données
Quand la grève et la mer se sont éparpillées.
Rappelle moi de me souvenir
A quoi sert la caresse du vent
et les odeurs d'avant l'orage,
toutes ces jolies images
se sont transformées en mirage
jai la mémoire qui vacille
qui se fracasse et qui chavire
les mots s'égrennent lentement
se disloquent dans le néant
on a déshabillé mon passé
et je n ai plus pour avenir
que ce vieux corps qui expire
sans pouvoir m'en souvenir
j ai peur de la nuit qui s'avance
sans étoile pour me guider
plus de voix, juste le silence
morte vivante emprisonnée.
rappelle moi de me souvenir
qu'autrefois je t'ai aimé
avant que ma mémoire se déchire.
je ne te reconnais plus mon enfant.