noir

le ciel

je regarde le ciel

qui s'habille d'errances

de fleurs cotonneuses

de troubles personnages

 

mais où vont les nuages

au bout du grand voyage

quand le ciel dans la mer

se finit en naufrage?

 

laissent-ils accrocher

à la pointe des arbres

le manteau vaporeux

de ces êtres étranges?

 

la queue du crocodile

la jeune fille archange

et les ailes graciles

d'un grand Argus bleu

 

ceux-là qui tous ensemble

tantôt formaient la ronde

se sont évanouis

en une demie seconde.

 

sans doute sont-ils allés

poursuivre leur cavalcade

avant l'heure du grand bal

quand toute lumière éteinte

la nuit en embuscade

portera l'estocade.

 

histoire sans fin

la mer toujours revient à  son premier amour

la grève toujours l'attend pour le prochain labour

entre les deux s'étale une barrière de rochers

frontière minérale impudemment posée

mais toujours la mer franchit les interdits

par devant, par derrière, en plein jour et la nuit

elle s'immisce, elle ahane, parfois même elle rugit

 pour courir s'emmêler à ses sables émouvants

 car la mer et la grève sont de terribles amants

quand la mer à la fin finit de la lécher

la terre s'en trouve alors toute rapetissée

mouillée d'écume sauvage et de larmes salées

un plaisir qu'arrache la prochaine marée.

 

 

 

la dernière valse

 

 

 

 

L'amour s'en est allé ,un soir d'hiver il a  laissé

Nos rires et ma jupe s'envoler.

Sans plus d'éclat, il s'est tiré

J' l "avais vu venir, j l'ai pas vu s'en aller

 

La belle valse que l'on dansait

Le temps qui lasse d'un coup d'arrêt

De trois à deux, nous voilà vieux

L'amour a déserté les lieux.

 

Dans nos deux coeurs restent les miettes

Du temps des tambours et trompettes

Quand tu me lisais moité nu

Le premier homme de Camus.

 

Plus de musique dans nos silences 

La valse ne se laisse plus danser

de trois à deux, en décadence

L'amour a déserté nos yeux

 

L'amour s'en est allé ,ce soir d'hiver il m'a  laissée

Il a tout envoyé valser.

J'ai rien vu venir, je l'ai  vu s'en aller

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

je sais

 

 

Je sais les petits jours, ou l’aube est une promesse

Quand le soleil se laisse ,caresser mon amour

Par la rosée nouvelle, par la brise tendresse

Et que la nuit déesse dépose ses atours

 

Je sais les jours d'été, murs comme les tournesols

Quand les heures s'amusent, dessous la véranda

A compter nos émois, à s'étonner encore

De nos deux souffles courts , de nos coeurs qui s'affolent

  

Je sais les jours mauves, qui donnent du bleu à l’âme

Quand tu es en partance, quand je reprends les armes

Ces jours que rien ne sauve, dans nos coeurs pyromanes

Et le feu qui avance pour assécher nos larmes.

 

Je sais les jours bleutés, que la neige recouvre

Quand nos pas désunis, enfin ne font plus qu'un

Que le silence ami, vient nous donner la main

Pour que mes doigts enlacent, la tienne qui s'entrouve.

 

 

 

 

silence

silence

fracas assourdissant des soirs de tempêtes

quand tout s'en va en miettes.

 

silence

qui vient couvrir le bruit des jours de fête

ou rien n'a d'importance

seul au milieu des gens

 

silence

entre deux notes noires

juste un temps de repos avant que tout n'éclate

en crescendo

 

silence

parce qu'on a trop à dire

ou alors plus rien

pour pleurer dans son coin

 

silence

qui s'en vient refleurir les trous de la mémoire

un silence trop grand un silence tout bancal

un silence de canal.

 

Omaha

 

 

 

La mer divague.

A l'âme du curieux égaré,

Sur la plage d'Omaha,

Elle vient, lancinante lui rappeler

Son autre visage surgi du passé.

 

C'est un vent de liberté qui force le gris de ses lames

Et sa gueule bavant d'écume qui vient mourir à mes pieds.

Omaha, la sanglante se couvre d'ocre rouge incendié

Quand le soleil, soudain se couche

Là où les hommes sont tombés.

ici et là-bas

il chante, l air de rien,

il chante, un air de son pays

pour se donner du courage

et pour se souvenir aussi.

ici, y a le froid qui fait valser sa djellabah

là-bas, y a son coeur qui bat

...chaman

 

c'est pas pour nous qu il chante

on l a  même pas accueilli

dans cet enfer de paradis

où on tolère qu'il soit en vie

ici, y a l'indifférence qui fait mourir ses croyances

d'un monde noir et blanc uni

là-bas, y a son coeur qui bat

...chaman

 

tout en marchant, il danse

et en chemin danse avec lui

la sac plastique qui trimballe

deux trois trésors flétris

ici, y a les regards qui rendent

plus blanc que blanc, transparent

là-bas, y a son coeur qui bat

...chaman

 

ce soir, lorqu il rentrera

en contrebas de la voie ferrée

il attendra qu'la nuit veuille bien l'envelopper

il chantera un air de rien, les tambours

les mélopées, pour se souvenir de l'amour

et puis aussi pour pas chialer

 

ici, y a les hommes qui crèvent

d'un trop plein de nationalité

peut-être croient-ils que la haine

est un modèle de société.

 

là-bas, y a des coeurs qui rêvent

à la ville, au béton armé

ils ne savent pas que la peine

les attend de l'autre côté.

...chaman.

 

 

 

 

 

 

 

Afrique

Tu brûles dans le couchant

tes ocres se mélangent

aux cris des enfants

à l'odeur des épices,

 

je ne te connais pas

pourtant, je te devine

du plus profond de moi

tes contours se dessinent,

 

j'entends le chant des femmes

et la transe des hommes

je vois danser les flammes

du soleil qui s'immole,

 

tu es ma terre d'oubli

celle qui me racine

au berceau de mes pères

à l'éxil matricide,

 

recouvre moi du rouge

de tes poussières arides

Je veux ,

penser noir

humer noir

rêver noir

être noire.

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